UNE HISTOIRE DE DRAPEAUX
13/08/06
Une histoire de drapeaux
Chaque pays dans le monde a son drapeau, symbole de ce qu'il est et de ce qu'il veut paraître être, souvent lié à une histoire de peuple, de renversement ou de prise de pouvoir.
Le drapeau comme symbole de manifestation pour le peuple, accroché aux fenêtres pour tous les évènements quel qu'ils soient de la coupe du monde au conflit au Liban. Ils représentent l'identification d'une idéologie, d'une volonté d'appartenance.
Sur le terrain, nous voyons fleurir pléthore de drapeaux, emblème protecteur et signifiant de la présence humanitaire dans les régions touchées du monde. Sauf qu'aujourd'hui, le drapeau ne protège plus des balles, des tueries incompréhensibles, des massacres au cours desquels des innocents se font assassinés.
Ils sont en berne aujourd'hui les drapeaux si différents, si colorés des humanitaires sur la petite ville de Batticaloa. Et pour la première fois depuis que je suis sur le terrain, quelque soit le nom ou le mandat de l'organisation, le drapeau est le même : blanc, signe de deuil au Sri Lanka. Il flotte au vent devant chaque office en mémoire à un massacre sans précédent dans le milieu qu'est l'humanitaire.
Choqués nous le sommes tous, cette tuerie, à priori de sang froid, nous renvoie à notre propre vulnérabilité, au fait que l'Homme est capable du meilleur mais surtout du pire. Tel est le paradoxe de cette histoire : des hommes tentant de faire autour le meilleur ont été froidement tués par des hommes faisant le pire.
Ce qui me frappe le plus c'est ,qu'au-delà de l'horreur de la situation, la mort de 17 personnes sans raison apparente, le fait que dans le monde humanitaire, même si parfois nous intervenons plus auprès d'une population que d'une autre, nous tentons toujours de garder cette approche qui vise à dire que quelque soit la couleur de peau, la religion, la nationalité, nous intervenons auprès des populations en difficulté et que les besoins changent aux aléas de la vie et qu'une population dite vulnérable peut retrouver le chemin de la force tandis qu'une autre peut à son tour devenir vulnérable. Cela me rappelle un soir à Jérusalem, j'étais en ville au volant de ma voiture, le portable collé à l'oreille et la musique à fond. Sans le sticker sur la voiture, jamais on aurait pu croire que je fusse une humanitaire. Jérusalem est une ville moderne comme il en existe beaucoup dans le monde, qui n'a rien à envier en termes de technologie et puis soudain, je suis là au feu rouge, et je réalise que les seules voitures qui m'entourent sont celles d'autres organisations. Ce soir-là, je me suis demandée à quoi ressemblerait Paris dans une telle situation et j'ai réalisé que quelque soit la région du monde, nous ne sommes pas à l'abri d'un renversement de situation. Paris a d'ailleurs en son temps connu des interventions humanitaires au lendemain de la guerre.
Il pleut aujourd'hui sur Batticaloa alors que nous nous apprêtons à nous rendre à une commémoration au bureau ACF. Même si à mon retour du Burundi, j'avais une certaine colère envers cette organisation par rapport à mon programme, il n'en reste pas moins que j'ai un temps fait partie de ce mandat, que je m'y suis reconnue alors aujourd'hui, c'est plus mon cœur qui parle. Je l'ai porté (uniquement pour dormir soit), ce tee-shirt qui n'a pas protégé cette semaine des innocents au Sri Lanka.
Que nos meilleures pensées accompagnent les familles des victimes.
Pour ma part, et je sais que cela ne rassure pas, je suis de plus en plus convaincue que ma place est ici et ailleurs dans ce monde, là où les droits de l'homme et droits humanitaires sont bafoués. Même si aujourd'hui, nous sommes à la limite de la déclaration de guerre, même si les sacs en cas d'évacuation sont prêts, je sais que je suis à la bonne place. Et pourquoi ? Parce que malgré tout, je suis une inconditionnelle du genre humain, parce qu'au comble de l'horreur, on voit parfois le meilleur, parce que je ne peux pas faire comme si cela ne me touchait pas. Aujourd'hui, nous avons fait une réunion de sécurité avec le staff et j'ai demandé à faire une minute de silence. Ceux qui comprennent l'anglais, n'avaient pas attendu la fin de la traduction pour déjà se lever et prier.
Et comme à chaque fois, alors que pour nous, il nous suffit de brandir le passeport pour se retrouver à l'abri, le staff se fait presque plus de soucis pour nous que pour eux. Et tant que nous restons, ils trouvent la force de continuer, même si en ce moment, on ne travaille pas autant que nous le voudrions.
Pour le reste de la situation politique ici, en résumé, il nous est demandé d'avoir en plus de nos visas de résident, des permis de travail pour rester au Sri Lanka. Une montagne de galère avec des tonnes de papiers pour ne pas avoir l'assurance de pouvoir rester. Volonté de diminuer la présence expatriée sur le terrain ? Allez savoir.
Pour conclure sur une note plus positive, nous venons enfin de finir notre chanson sur le CHILD LABOR et le clip aussi est fini. Deux chaînes de télé locales sont intéressées pour la diffuser et il se pourrait même que l'on trouve des sponsors pour faire un album. Alors aujourd'hui, pour se redonner du moral, nous l'avons mis en boucle au bureau, avec un petit côté fier.
Mes petits loups, soyez rassurés, je ne prendrai aucun risque inutile et de toutes façons, Tdh ne prendra aucun risque en ce qui nous concerne.
Je vous embrasse fort
Audrey
Offensive des Tigres tamouls sur la péninsule de Jaffna
( AP, dimanche 13 aout 2006, 5h27) COLOMBO (AP) -
Les séparatistes tamouls ont lancé samedi une offensive pour tenter de reprendre la péninsule de Jaffna, coeur du pays tamoul dans le nord du Sri-Lanka.
LCI
09h01
Le gouvernement sri-lankais prêt à renouer les pourparlers de paix avec les rebelles tamouls malgré les affrontements qui ont fait plus de 177 morts (responsable du gouvernement)
08h59
Sri Lanka/Combats - L'armée dit reprendre le dessus dans le Nord
Une histoire de drapeaux
Chaque pays dans le monde a son drapeau, symbole de ce qu'il est et de ce qu'il veut paraître être, souvent lié à une histoire de peuple, de renversement ou de prise de pouvoir.
Le drapeau comme symbole de manifestation pour le peuple, accroché aux fenêtres pour tous les évènements quel qu'ils soient de la coupe du monde au conflit au Liban. Ils représentent l'identification d'une idéologie, d'une volonté d'appartenance.
Sur le terrain, nous voyons fleurir pléthore de drapeaux, emblème protecteur et signifiant de la présence humanitaire dans les régions touchées du monde. Sauf qu'aujourd'hui, le drapeau ne protège plus des balles, des tueries incompréhensibles, des massacres au cours desquels des innocents se font assassinés.
Ils sont en berne aujourd'hui les drapeaux si différents, si colorés des humanitaires sur la petite ville de Batticaloa. Et pour la première fois depuis que je suis sur le terrain, quelque soit le nom ou le mandat de l'organisation, le drapeau est le même : blanc, signe de deuil au Sri Lanka. Il flotte au vent devant chaque office en mémoire à un massacre sans précédent dans le milieu qu'est l'humanitaire.
Choqués nous le sommes tous, cette tuerie, à priori de sang froid, nous renvoie à notre propre vulnérabilité, au fait que l'Homme est capable du meilleur mais surtout du pire. Tel est le paradoxe de cette histoire : des hommes tentant de faire autour le meilleur ont été froidement tués par des hommes faisant le pire.
Ce qui me frappe le plus c'est ,qu'au-delà de l'horreur de la situation, la mort de 17 personnes sans raison apparente, le fait que dans le monde humanitaire, même si parfois nous intervenons plus auprès d'une population que d'une autre, nous tentons toujours de garder cette approche qui vise à dire que quelque soit la couleur de peau, la religion, la nationalité, nous intervenons auprès des populations en difficulté et que les besoins changent aux aléas de la vie et qu'une population dite vulnérable peut retrouver le chemin de la force tandis qu'une autre peut à son tour devenir vulnérable. Cela me rappelle un soir à Jérusalem, j'étais en ville au volant de ma voiture, le portable collé à l'oreille et la musique à fond. Sans le sticker sur la voiture, jamais on aurait pu croire que je fusse une humanitaire. Jérusalem est une ville moderne comme il en existe beaucoup dans le monde, qui n'a rien à envier en termes de technologie et puis soudain, je suis là au feu rouge, et je réalise que les seules voitures qui m'entourent sont celles d'autres organisations. Ce soir-là, je me suis demandée à quoi ressemblerait Paris dans une telle situation et j'ai réalisé que quelque soit la région du monde, nous ne sommes pas à l'abri d'un renversement de situation. Paris a d'ailleurs en son temps connu des interventions humanitaires au lendemain de la guerre.
Il pleut aujourd'hui sur Batticaloa alors que nous nous apprêtons à nous rendre à une commémoration au bureau ACF. Même si à mon retour du Burundi, j'avais une certaine colère envers cette organisation par rapport à mon programme, il n'en reste pas moins que j'ai un temps fait partie de ce mandat, que je m'y suis reconnue alors aujourd'hui, c'est plus mon cœur qui parle. Je l'ai porté (uniquement pour dormir soit), ce tee-shirt qui n'a pas protégé cette semaine des innocents au Sri Lanka.
Que nos meilleures pensées accompagnent les familles des victimes.
Pour ma part, et je sais que cela ne rassure pas, je suis de plus en plus convaincue que ma place est ici et ailleurs dans ce monde, là où les droits de l'homme et droits humanitaires sont bafoués. Même si aujourd'hui, nous sommes à la limite de la déclaration de guerre, même si les sacs en cas d'évacuation sont prêts, je sais que je suis à la bonne place. Et pourquoi ? Parce que malgré tout, je suis une inconditionnelle du genre humain, parce qu'au comble de l'horreur, on voit parfois le meilleur, parce que je ne peux pas faire comme si cela ne me touchait pas. Aujourd'hui, nous avons fait une réunion de sécurité avec le staff et j'ai demandé à faire une minute de silence. Ceux qui comprennent l'anglais, n'avaient pas attendu la fin de la traduction pour déjà se lever et prier.
Et comme à chaque fois, alors que pour nous, il nous suffit de brandir le passeport pour se retrouver à l'abri, le staff se fait presque plus de soucis pour nous que pour eux. Et tant que nous restons, ils trouvent la force de continuer, même si en ce moment, on ne travaille pas autant que nous le voudrions.
Pour le reste de la situation politique ici, en résumé, il nous est demandé d'avoir en plus de nos visas de résident, des permis de travail pour rester au Sri Lanka. Une montagne de galère avec des tonnes de papiers pour ne pas avoir l'assurance de pouvoir rester. Volonté de diminuer la présence expatriée sur le terrain ? Allez savoir.
Pour conclure sur une note plus positive, nous venons enfin de finir notre chanson sur le CHILD LABOR et le clip aussi est fini. Deux chaînes de télé locales sont intéressées pour la diffuser et il se pourrait même que l'on trouve des sponsors pour faire un album. Alors aujourd'hui, pour se redonner du moral, nous l'avons mis en boucle au bureau, avec un petit côté fier.
Mes petits loups, soyez rassurés, je ne prendrai aucun risque inutile et de toutes façons, Tdh ne prendra aucun risque en ce qui nous concerne.
Je vous embrasse fort
Audrey
Offensive des Tigres tamouls sur la péninsule de Jaffna
( AP, dimanche 13 aout 2006, 5h27) COLOMBO (AP) -
Les séparatistes tamouls ont lancé samedi une offensive pour tenter de reprendre la péninsule de Jaffna, coeur du pays tamoul dans le nord du Sri-Lanka.
LCI
09h01
Le gouvernement sri-lankais prêt à renouer les pourparlers de paix avec les rebelles tamouls malgré les affrontements qui ont fait plus de 177 morts (responsable du gouvernement)
08h59
Sri Lanka/Combats - L'armée dit reprendre le dessus dans le Nord
1 Comments:
Fais attention à toi ma belle...
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