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samedi, mars 03, 2007

L' A EU !






Mais, elle est incapable de nous parler de nous parler de

qu'elle a "exécuté" au pas de course avec heureusement ses bagages EBB .

C'est bien la peine qu'ON lui offre des voyages qui forment la jeunesse !!!









vendredi, mars 02, 2007

L'AURA ou L'AURA PAS ?

Après tout, pourquoi il n'y aurait que les parents qui devraient se poser ce genre de question, hein ???






dimanche, février 25, 2007

POUR INITIE(E)S

QR 303 V 01MAR 4 CMBDOH HK1 1940 2220 01MAR
QR 063 V 02MAR 5 DOHZRH HK1 1320 1815 02MAR ZURICH
LX 0646 V 02MAR 2000 VSWISS 02MAR 02MAR 20K OKPARIS CDG SEAT:26D
ARRIVAL TIME: 2120 TERMINAL:2B

dimanche, février 18, 2007

BILAN FIN DE MISSION




Dans deux petites semaines, je serai partie du Sri Lanka après 11 mois et des brouettes d’une autre aventure humaine. Cette expérience aura une place à part dans ma vie dans la mesure où pour la première fois, je suis partie en tant que coordinatrice. Pour ceux qui me suivent depuis 4 ans, vous avez pu constater que cela changeait beaucoup parce que j’étais aussi plus loin des bénéficiaires, moins dans le faire faire mais plus dans le laisser faire. Alors aujourd’hui, il est venu le temps de faire un petit bilan, vous voulez bien ?

Je me rends compte avant même de commencer que je ne vais faire que dans le paradoxe :

Rager de ne pas être plus proche des enfants
Se réjouir de voir une équipe si investie auprès des enfants
Prendre des décisions importantes
Douter
Apprendre à faire un budget
Être toujours aussi nulle en maths
Faire des plannings
Les réajuster
Etre frustrée de ne pas avoir le temps de tout faire
Se satisfaire de ce qui a pu être réalisé
Essayer de tout maîtriser
Apprendre à lâcher et à faire confiance
Douter encore
Etre intransigeante
Apprendre à faire des compromis
Avoir l’impression de n’écrire que des rapports
Fêter l’accord du donneur pour les deux prochaines années
Echouer un peu
Réussir un peu plus
Se faire confiance
Se remettre aussi en cause

La liste pourrait encore s’étendre longtemps comme cela. Mais un jour, alors que vous doutez, vous voyez en face de vous une équipe soudée et unie qui a fait des progrès monstres dans leur travail. Vous n’y êtes sans doute pas pour grand-chose parce que vous pensez que vous auriez pu apporter plus mais vous réalisez que vous leur avez déjà donné beaucoup : un espace pour être et agir.

Et puis, vous vous rendez sur les centres (et dieu sait que cela fait trop longtemps que vous n’y êtes pas allée) et puis vous voyez ces changements, ces enfants, et une communauté qui est trop heureuse de signer encore pour deux ans.

Mais tout ce travail, tous ces retours n’auraient pas été possible sans l’aide précieuse de mes deux project managers qui ont constitué cette équipe, qui ont accompagné chacun de leurs pas avant de les lâcher. Sans ces deux personnes, cette aventure n’aurait pas été aussi belle. Loin des équipes, loin des enfants, ils m’ont donné l’envie d’avancer et de finir tous les rapports. Ils ont maintenant passé le relais à leurs assistants qui ont été de fait promus responsables de programme. Et c’est cela que j’aime avec Terre des hommes, quand très vite les personnes ressource sont identifiées, elles sont accompagnées, reconnues et promues pour prendre en charge le programme, pour finalement s’occuper de leurs pairs et à nous d’arrêter de nous immiscer.

Dans deux semaines, je tire un trait sur plus de 11 mois de ma vie et c’est peut être présomptueux mais je monterais pas trop mécontente de moi dans mon avion. J’ai appris, j’ai encore beaucoup à apprendre, ce que je fais est loin d’être parfait mais comme le dit mon chef de mission : la perfection est ennuyeuse.

Je vais conclure cette courte lettre en faisant référence aussi un coordinateur médical que j’ai eu la chance de croiser en Iran qui m’a appris une chose importante pour avancer. Alors que je lui braillais dessus parce que nous avions eu un problème de planning (luxe des responsables de programme), il m’avait très justement dit que dans une journée normale, ailleurs, en France peut être, nous avions déjà 20% de bug sur ce que nous planifions, alors sur le terrain… Oui, il faut apprendre à revoir nos exigences à la baisse et se satisfaire de petits riens qui font nos victoires quotidiennes. Notre petite victoire d’aujourd’hui ?

L’équipe a eu envie de rendre hommage aux deux précédentes années de projet. Pendant deux mois, ils ont travaillé sur le projet d’un magazine. Le magazine est enfin arrivé et bien que quelques coquilles soient ça et là, c’est l’initiative même qui est à saluer. Combien d’entre nous sont suffisamment fiers de ce qu’ils font et de l’organisation pour laquelle ils travaillent pour vouloir en faire un retour via un magazine ?

Pour finir cette aventure sri lankaise, même s’il me reste encore deux semaines, je dirai que cette mission m’a amené à un tournant dans ma réflexion et aussi dans mon intervention humanitaire. Reste à voir si je serai capable d’utiliser cette nouvelle « sagesse » vers d’autres terrains…

Je vous embrasse bien fort mes petits loups et à tout bientôt pour une autre histoire de vie.

Bibi

PS : je profite de cette dernière lettre du chapitre « Sri Lanka » pour vous remercier de vos mots laissés sur mon blog ou ma boite perso. Même si je ne réponds pas individuellement à chacun d’entre vous, je suis néanmoins touchée par toutes ces petites notes, elles sont toute autant de petite dose de bonne humeur pour avancer dans la vie. Merci à tous.

dimanche, février 11, 2007

Good bye and Welcome party

Coucou mes petits loups,

Alors comme le titre l’indique, aujourd’hui je vais vous parler des fêtes de départ ici au Sri Lanka. Tout a commencé la semaine dernière par un « general staff party » au cours duquel nous les expatriés avons annoncé nos différents départs. Pour le coup, les équipes nous avaient préparé une surprise. En effet, depuis quelques jours déjà, à chaque fois que je mettais les pieds dans le bureau des activities specialists, je les surprenais en train de chuchoter, de glousser, bref, pire que des gamins.

La veille du meeting, la petite équipe débarqua avec un paquet pour chacun des expatriés avec un petit mot : « merci de porter ce tee-shirt demain ». Intrigués, nous avons tous ouvert nos « cadeaux » et voilà qu’ils avaient fait faire nos portraits en peinture (avec un petit mot de remerciement sur le dos).

Pufff, même pas peur, c’est plutôt avec plaisir que je porterai ce tee-shirt...

Le lendemain matin, je me rends donc au bureau à pieds, pour le plus grand plaisir de mes voisins qui ont pu sourire voire même rire devant ma double frimousse.

Le meeting avait lieu à Ampara et c’est donc en bus scolaire que nous nous y sommes rendus (ça au moins c’est fait). Nous nous sommes fait arrêter au check point d’Ampara, parce qu’il n’est pas aussi facile que cela fait d’y faire entrer une centaine de tamouls dans une zone singhalaise...

Hop tout le monde est invité à descendre (sauf bien sûr les expatriés mais pris dans le feu du moment, nous avons sauté hors du bus pour traverser en équipe le check point). Donc nous nous présentons devant les militaires pour une petite fouille en règle. Quelle ne fut pas la surprise pour la petite militaire en charge de notre légère palpation mammaire de devoir en fait tripoter aussi nos bouilles en peinture (hum vraiment pas nets ces expats qui ont besoin de porter des tee-shirts à leur effigie avec leur nom dessus).

Nous avons passé la journée à annoncer les différents changements et départs et après le déjeuner, ce fut la traditionnelle et interminable séance photo, en groupe, en duo, en trio et toujours de préférence avec un expatrié au milieu du groupe...

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises : comme je vous l’avais rapidement écris, le staff psychosocial avait décidé d’organiser une goodbye party pour leur deux project managers (des expatriés) et moi au passage (même si je ne pars pas tout de suite) et de souhaiter la bienvenue aux nouveaux managers (promotion de staff national). Moi qui cherchais une occasion de porter le sari, elle est toute trouvée...

Vendredi dernier, j’attrape deux minettes de mon équipe pour un shopping « sari » intensif. Elles choisissent le modèle et m’expliquent que je dois maintenant aller chez un tailleur pour me faire faire le petit top. Hop, ni une, ni deux, nous sautons dans le van et je me rends sur leur conseil, chez une adorable dame, trop contente de prendre les mesures de l’expatriée. Mon petit top sera prêt dimanche, et j’ai rendez-vous lundi matin aux aurores pour que les filles m’enroulent dans le sari. Entre temps, je suis descendue sur Ampara pour la good bye party de notre project manager et le thème était les 20’s. Hum, trop facile, je pique une robe noire à droite, un faux collier de perles, je bidouille un petit ruban pour les cheveux (c’est donc à cela que me sert mon kit de couture).

Le dimanche, de retour sur Batticaloa, je retourne chez le tailleur (bref, chez ma nouvelle copine) pour l’essayage de mon haut. Je découvre que non seulement cela fait plutôt office de corset (et c’est un miracle si je parviens encore à respirer) mais qu’en plus, elle l’a cousu de telle manière (à priori traditionnelle) que je me retrouve avec des pointes au niveau de la poitrine genre Madonna dans les 90’s. Il parait que le principe de la petite pointe au niveau des seins est assez tendance ici, surtout parce qu’ainsi, cela rajoute un charme supplémentaire quand madame retire son sari devant son époux. Sauf que je n’ai pas d’époux...

Lundi, je me précipite au bureau à l’aube en tenue occidentale et patiente jusqu’à l’arrivée de ma collègue. Quand elle arrive, je troque donc mon pantalon/tee-shirt contre un jupon/petit top qu’elle peine à fermer (je le sens bien et ce n’est pas faute de mettre mes épaules en arrière). Vient ensuite l’enroulage du sari... je la vois coincer un certain métrage dans le jupon puis au beau milieu de sa course, elle prend le bout du sari, commence à le plier sur lui-même et le pose négligemment sur la chaise pour revenir au milieu de ce lé de tissu. Bref, elle s’agite autour de moi et je peine à saisir toute la subtilité de l’enroulage...

Me voilà fin prête à faire mon entrée dans le monde vêtue de mon sari : le staff commence à arriver au bureau et s’étonne de mon changement de style et alors là, il faut jouer avec la situation et je suis bonne pour une séance photo, devant pour leur plus grand plaisir prendre des poses de star bolywoodienne...

Je me suis rendue à la fête et nous avons ri, dansé, nous nous sommes laissés aller à l’émotion du moment, nous avons été pourri gâtés entre les cadeaux, les étoffes d’honneur et surtout devant cette équipe qui au cours de ces onze derniers mois, s’est unifiée pour mettre en avant ses compétences pour la bonne marche du programme... oui, il est vraiment temps pour moi de partir, ils mènent leur barque comme il faut, et ils ont juste besoin de quelqu’un plein d’énergie dans ce contexte pour les accompagner...Dans ce contexte où 70000 déplacés sur le seul district de Batticaloa ne suffisent pas à alerter l’opinion, où un troisième groupe dans ce conflit est quasiment libre de faire ce qu’il veut, où le Sri Lanka n’est perçu que comme une île paradisiaque pour jeunes mariés, pleine de thés et d’éléphants...

Ma remplaçante arrive la semaine prochaine, le temps pour moi de faire un training sur l’introduction du psychosocial sur les cliniques, de faire le tour de toutes nos communautés pour signer les contrats pour les terres, etc. ensuite ? Je fais de ma passation...

Bon allez mes petits loups, c’est mon dernier dimanche tranquille alors je m’en vais en profiter pour ranger ma chambre, finir une ou deux merdouilles « boulot » et regarder sans doute un bon film...

Je vous embrasse tous très fort

Audrey




samedi, janvier 27, 2007

BREAKING NEWS

Le 27/01/07

Coucou mes petits loups,

Je suis impardonnable, mes lettres hebdomadaires deviennent des missives bimensuelles pour presque finir en mensuelles. Mais cela ne veut pas dire que je ne pense pas à vous mais je suis débordée... Non plus sérieusement, en fait, mon ordinateur portable a eu la bonne idée de rendre son dernier souffle quelques semaines plutôt par un lundi après midi de Hartal alors que j’étais coincée à la maison pour des raisons de sécurité. Mon ordi avait ronronné sans aucun problème tout le week-end et puis là, tout d’un coup, il me dit qu’il ne reconnaît plus mon disque dur... Ben, comment se fait-il ?

En bonne informaticienne que je suis (et voyez-y toute l’ironie du monde), je décide d’éteindre ce maudit appareil, de lui laisser un peu de répit, pensant naïvement, qu’il repartirait de plus belle ! Et là, ô désastre, quand je rallume l’animal, une série de tac tac tac tac tac (genre mitraillette dans l’ordi) se fait entendre et bim, malgré mes insultes, mes supplications, il se refuse pour de bon de reconnaître mon disque dur et c’est ainsi que je me suis retrouvée sans rien.

Alors pendant deux semaines, j’ai travaillé sur un disque dur externe, le branchant un peu où je le pouvais (ouf, on avait un vieux laptop avec une bande blanche sur l’écran qui m’a bien servi). Et depuis lundi, j’ai enfin récupéré un nouveau disque dur de Lausanne alors, je reclasse, je recherche les documents manquants (pas beaucoup parce que la logistique avait eu la bonne idée de me faire faire une sauvegarde avant de partir en vacances). Tout ce récit pour tenter désespérément de vous expliquer pourquoi je ne vous ai pas écrit plus tôt...

Je vais aujourd’hui vous parler des cérémonies au Sri Lanka... Tout est occasion pour une cérémonie : ouverture d’un centre, journée de l’enfant, toute journée mondiale, etc.

Pour ma part, je me suis rendue un samedi matin à la cérémonie organisée par la police (service spécialisé pour femmes et enfants) pour un « children day », le tout sponsorisé par l’UNICEF. Je ne pouvais en aucun cas manquer un évènement pareil surtout depuis que l’agent de police s’était présenté dans mon bureau pour m’inviter officiellement (Tdh collabore sur le volet protection avec eux). Ici au Sri Lanka, la police est majoritairement singhalaise même en zone dite tamoule (avec de ce fait une barrière de langue), ce qui n’arrange pas l’image de la police, cette autorité en uniforme que l’on craint et/ou malmène dans tous les pays du monde. Tout de suite dans ma tête, ressurgit une expérience où en tant qu’animatrice, en France, j’avais emmené en promenade mes petits lascars. On n’avait croisé un groupe de policiers et v’là ‘ti pas que mes zouzous s’étaient mis à chanter cette tristement célèbre chanson de NTM (enfin je crois) : « ouh ouh, assassin de la police, ouh ouh n... la police ». Je me demandais à quoi pouvait bien ressembler une rencontre enfants/police ici au Sri Lanka...

Je me présente donc un samedi matin au rendez-vous et je fus accueillie comme il se doit avec une petite puce (fagotée dans sa robe rose bonbon à froufrou) qui me tend solennellement un bouquet de fleurs en plastique sans doute « home made ». Pour une fois, j’ai échappé à la couronne de fleurs et par là même occasion, j’ai découvert que les sri lankais, contrairement aux expatriés (sans doute trop polis ?) virent dès qu’ils le peuvent la couronne de fleurs de leur cou. Quand je repense à toutes ces fois où j’ai gardé la mienne, luttant contre les insectes, contre les pétales qui tombent dans le tee-shirt (etc.), je me dis que je suis bien bonne...

La cérémonie débute avec du retard, ce qui est un classique ici, ce qui (et c’est mon côté suisse qui ressort) me rend folle. La stéréo est à fond, elle crache et grésille, ne couvrant pas le brouhaha des 200 enfants réunis pour l’occasion et qui attendent (plutôt) sagement sur leur siège les festivités.

Le grand big chef de la police arrive enfin et on peut lancer la cérémonie. Toute cérémonie qui se respecte au Sri Lanka doit s’ouvrir avec un bon quart d’heure de discours où l’ensemble de la population présente est remerciée. Entre chaque nom prononcé, la slave d’applaudissements polis retentit. Facile de repérer mon nom dans tout ça, je suis « Audry (avec un i) from Tdh ». Vient ensuite le cérémonial de l’allumage d’une sorte de porte cierge géant sur lequel reposent des petites mèches qui trempent dans de l’huile. Chaque invité est appelé à allumer une des mèches. Cela doit sans doute porter chance. Bref, nous nous plions au rituel et pour une fois, ils ont fait cela à l’intérieur, ce qui évite à votre bibi nationale de lutter avec la flamme de la bougie (qui menace toujours de s’éteindre) ou avec la mèche.

Pendant ce temps-là, les policiers, serrés dans leur uniforme (caca d’oie ?) tentent d’encadrer les enfants. Je jette un oeil sur les fliquettes, avec leur jupe au dessus du genou et leurs chaussettes qui s’arrêtent mi-mollet, essayer de jouer et de rire avec les enfants.

La première animation de la matinée est une exposition de dessins d’enfants que nous sommes invités à regarder. Les dessins témoignent un à un de la situation actuelle, les représentations des affrontements entre l’armée et les tigres sont criantes de détails. Sur nombre de dessins, revient sans cesse le « van blanc ». Ici, c’est le danger, l’ombre qui plane au dessus de la tête des enfants, parce que c’est dans ce van blanc qu’ils sont enlevés pour le recrutement. Tout le monde a entendu parler du van blanc et de la menace qu’il représente. Tout le monde ?

Ben en tout cas, pas notre grand chef de la police qui se pencha alors vers la représentante de l’UNICEF et lui demande pourquoi au milieu de ces dessins, il y a cette redondance du van blanc...

No comment.

Nous enchaînons de suite avec un premier jeu et nous les « invités de marque », nous sommes les juges. Je dois dire que je n’ai rien compris aux règles (pour une animatrice, c’est un peu la honte) et je crois que les flics eux-mêmes étaient un peu perdus (à chacun son métier).

Là, nous avons ensuite le plaisir de découvrir les danses (modernes et traditionnelles) faite par les enfants. Depuis le temps que nous sommes sur Batticaloa, on ne peut que connaître les tubes par coeur (surtout si vous travaillez dans le psychosocial et que vos équipes organisent toujours des spectacles avec les enfants).

Le grand chef se penche de nouveau vers la représentante de l’UNICEF pour lui annoncer fièrement que c’est la première fois qu’il voit des danses tamoules.

No comment bis.

Oh et puis si, comment : là, je suis dépassée. Je suis au Sri Lanka depuis un peu plus de dix mois et j’ai vu aussi bien des danses traditionnelles Singhalaises que Tamoules. J’ai pris le temps de zapper sur la télé à Colombo ou encore de regarder les danseurs traditionnels de Kandy en représentation dans un grand hôtel. Ce n’est pas compliqué de découvrir une culture, faut-il encore en avoir envie...

Vous êtes flic, vous appartenez soi-disant à une autre « ethnie » (bien que j’ai toujours du mal à faire la différence entre les Tamouls et les Singhalais, comme j’étais incapable de reconnaître un Hutus d’un Tutsie) et vous êtes mutés dans une zone sensible. Allez-vous favoriser l’intégration et la rencontre culturelle, non sûrement pas, entretenons le fossé, c’est bien plus fun.

Sauf que là, regardez autour de vous, ceux qui vous entourent aujourd’hui sont à peine plus haut que trois pommes, sont victimes de ce conflit et ne peuvent même pas vous en parler en l’absence d’un traducteur, à vous, membres de la police...

Je suis interrompue dans mes réflexions, un autre jeu vient de commencer et je dois définir l’enfant qui va arriver en premier. Une course donc mais avec une cuillère dans la bouche sur laquelle repose un citron. Lorsque j’ai passé mon brevet d’animatrice il y a maintenant un peu plus d’une décennie (oh mon dieu, déjà), ce jeu rentrait dans la catégorie des PJC (petits jeux cons) et bien sûr à éviter. Je vous laisse imaginer si l’enfant tombe avec son manche de cuillère dans la bouche...

Et c’est presque là-dessus que se termine la cérémonie. C’est presque là-dessus que va se terminer cette longue lettre.

Allez, avant de vous quitter, je vous fais une petite breaking news : alors que je suis en train de boucler ma mission ici, Tdh vient de me proposer un autre poste et j’ai dit oui. Là, comme cela, enchaîner les missions, est-ce bien raisonnable ? Ils me proposent un poste de coordinatrice psychosociale/protection au Liban pour 7-8 mois, avec disponibilité de ma part à partir de la mi-mars, mais j’ai déjà négocié pour un départ début Avril, histoire de souffler un tout petit peu.

Alors voilà, 25 ans à Gaza et peut être 30 à Beyrouth, hum belle perspective... revoir des oliviers tout en me laissant bercer par la voix du Muezzin (oh ça y est, je délire à fond).

Bref, recadrons nous un peu, pour le moment, je suis toujours sur Batticaloa, la réponse finale pour le proposal est enfin tombée : après un roman-feuilleton de près de 6 mois, des écritures, des corrections, une mise en stand by, une nouvelle correction, un grand moment de solitude pour la mise en page du log frame, nous avons eu un OUI hier soir. Oui pour un financement de deux ans sur les volets : psychosocial, protection, eau et assainissement, et santé materno-infantile.

Et pour cette fin de programme, nous avons un planning chargé : fête pour les animateurs des centres, nos goodbye parties : le staff psychosocial a décidé de faire un package ; ils disent au revoir à leur deux project managers et du coup à leur coordinatrice même si elle ne part que dans un mois (au moins, ça c’est fait).

Ensuite nous avons le « general staff party » avec tous les départements de Tdh pour clôturer les deux ans de projet Tsunami.

Là- dessus, vous rajoutez un petit poya day (comme tous les mois en même temps) et hop, la semaine prochaine, je ne travaille au bureau qu’une seule journée.

J’en imagine déjà me taquiner sur la dure vie du terrain...

Bon mes petits loups, je vais vous laisser en vous embrassant bien fort.

Prenez soin de vous

Audrey

samedi, janvier 06, 2007

PETITS PARADOXES ET GRANDS BONHEURS

Le 06/01/07



Mes petits loups,

Je vous ai quittés fin décembre, sur les rotules, avec une seule idée en tête : fêter Noël en famille. Alors une fois n’est pas coutume, je vais dédier cette lettre à ce superbe moment familial au lieu de vous conter mes mésaventures sri lankaises. Mais avant toute chose, permettez moi encore une fois, ou pour certains, pour la première fois, de vous souhaiter tout le bonheur du monde pour 2007, avec en vrac amour, santé et prospérité.

Noël : certains y voient une arnaque commerciale, d’autres une occasion de se retrouver en famille ou encore la célébration quasi religieuse d’un enfant (qu’on dit divin). Noël chez moi est quelque chose de sacré aussi loin que remonte ma mémoire. Ma petite maman a toujours décoré la maison en écoutant les chants de noël et en stylisant de plus en plus sa crèche. Noël c’est la famille et avant tout la famille. On se fait beau pour avaler de manière gargantuesque un somptueux repas. Le sapin regorge de cadeaux (il y a en parfois même trop). Bref, on se retrouve et on passe un bon moment. Mais depuis 24 ans, Noël se faisait en plus ou moins en petit comité, une partie de famille s’étant expatriée au Canada. Alors voilà, cette année, c’est décidé, on se lance et même pas peur, on part au Canada pour un grand Noël familial.

Pour ma part, ce n’est que la traversée de la moitié du monde, une perte de 40 degrés (et oui seulement au final) et quelques heures de décalage horaire (ne me demandez plus combien et dans quel sens). C’est fou, finalement porte à porte, sans stop (mais j’en ai fait un rapide de quelques jours en France) Batticaloa n’est qu’à 26heures de voyage de Montréal, autant dire pas grand-chose…

Premier paradoxe : je mets presque plus de temps en voiture pour faire Batticaloa-Colombo que finalement Montréal-Paris en avion…

24 ans que je n’ai pas passé noël avec cette partie de la famille et entre 4 et 6 ans que je ne les ai pas serrés dans mes bras. Entre temps, les choses ont bien changé, les familles se sont élargies, modifiées pour notre plus grand bonheur.

Je suis arrivée en France et j’ai passé le peu de temps que j’avais à me remettre en forme et me faire une beauté pour la famille et zou, je saute dans l’avion pour le canada.

J’ai beau fermer les yeux très fort et tenter d’imaginer comment se passeront les retrouvailles, je me rends compte que de toutes façons, ce sera encore plus magique. Prendre chaque membre de ma famille dans les bras et les tenir tout contre moi.

Deuxième paradoxe : j’ai quitté Colombo sous la pluie tropicale pour arriver à Montréal sous la pluie verglassante. No comment…

Et là, premier grand bonheur, je serre ma douce cousine dans les bras et on est là comme deux débiles à ne pas réaliser que nous nous tenons l’une et l’autre.

Comment vous expliquer cela : il y a 24 ans, la dernière photo de la bande de cousins, prise un jour de noël, c’était plutôt la galerie des horreurs : pour certaines, la robe en velours marron avec souliers vernis, pour d’autres, les lunettes et les appareils dentaires ou encore la coupe au bol tendance avec frange à la Mireille Mathieu. Et là, nous sommes sur le point de jouer les pères Noël pour la seconde génération.

Pause « humanitaire » comme dirait mon cousin: il me faut du temps pour intégrer cette idée…

Hop, ni une ni deux, nous allons nous isoler en famille pour notre plus grand bonheur.

Un grand chalet perdu au milieu de nulle part et trois tonnes de nourriture pour combler les bidons de la vingtaine que nous sommes.



Quatre jours de folie, parce qu’avec la famille (et les amis qui font partie de la famille), c’est simple, c’est naturel. On n’a pas besoin de trop de chichis, les papotes sont les mêmes en pyjama ou en costume/cravate. Et puis, c’est comme si on s’était quitté la veille…

Je vais essayer de décrire un peu mieux mes sentiments : c’était comme faire une sortie astrale (sortir de son corps et planer).
N’allez pas croire que je carbure sous quelques euphorisants bon marché.
Mais voyez-vous, j’avais ce sentiment d’être à la fois actrice de ce qui se jouait et en même temps, spectatrice extérieure. Je regardais ma petite famille évoluer autour de moi et je n’avais pas besoin de plus pour être heureuse. Pourtant j’ai aussi participé à cette grande réunion. Oh je sais, je ne suis pas du genre à crier des grands « je t’aime » aux gens qui comptent dans ma vie mais cela ne veut pas dire que cela n’est pas tout remué en dedans.

Et puis voilà, nous avons parlé et préparé ce noël pendant des mois et bouh, c’est déjà fini. On refait nos valises, on se fait des becs à la québécoise et on remonte dans l’avion. Cinq jours plus tard, je retraversais la moitié du monde pour retrouver Batticaloa, le programme et les équipes.

Parfois, je me dis que tout ce que je vis est un rêve éveillé. Je suis aussi à l’aise et pleine de repères à la maison en France qu’à Batticaloa. Comme si l’une et l’autre étaient liées. Et les évènements vont tellement vite que finalement on n’a pas le temps de perdre ces repères.

J’ai adoré ce petit tour du monde en trop peu de temps et même s’il ne fut pas de tout repos, je ne l’échangerai pour rien au monde.

Dernier paradoxe ? J’ai appris au Sri Lanka qu’un tsunami d’eau était meurtrier, j’ai découvert au Canada qu’un tsunami d’amour vous rend plus fort.

Je termine cette lettre sur deux pensées : l’une pour une petite crevette qui bien au chaud dans le ventre de sa maman occupe déjà une grande place dans la famille, l’autre, et bien en cette nouvelle année, une fois n’est pas coutume, je m’en vais revêtir mon costume de donneuse de conseils pour vous dire tout simplement que la vie est un rêve, il ne tient qu’à nous pour en faire une réalité.

Bon les petits loups, c’est bien beau tout cela mais je m’en vais vaquer à mes occupations.

Prenez soin de vous où que vous soyez.

Bisous

Audrey