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dimanche, février 25, 2007

POUR INITIE(E)S

QR 303 V 01MAR 4 CMBDOH HK1 1940 2220 01MAR
QR 063 V 02MAR 5 DOHZRH HK1 1320 1815 02MAR ZURICH
LX 0646 V 02MAR 2000 VSWISS 02MAR 02MAR 20K OKPARIS CDG SEAT:26D
ARRIVAL TIME: 2120 TERMINAL:2B

dimanche, février 18, 2007

BILAN FIN DE MISSION




Dans deux petites semaines, je serai partie du Sri Lanka après 11 mois et des brouettes d’une autre aventure humaine. Cette expérience aura une place à part dans ma vie dans la mesure où pour la première fois, je suis partie en tant que coordinatrice. Pour ceux qui me suivent depuis 4 ans, vous avez pu constater que cela changeait beaucoup parce que j’étais aussi plus loin des bénéficiaires, moins dans le faire faire mais plus dans le laisser faire. Alors aujourd’hui, il est venu le temps de faire un petit bilan, vous voulez bien ?

Je me rends compte avant même de commencer que je ne vais faire que dans le paradoxe :

Rager de ne pas être plus proche des enfants
Se réjouir de voir une équipe si investie auprès des enfants
Prendre des décisions importantes
Douter
Apprendre à faire un budget
Être toujours aussi nulle en maths
Faire des plannings
Les réajuster
Etre frustrée de ne pas avoir le temps de tout faire
Se satisfaire de ce qui a pu être réalisé
Essayer de tout maîtriser
Apprendre à lâcher et à faire confiance
Douter encore
Etre intransigeante
Apprendre à faire des compromis
Avoir l’impression de n’écrire que des rapports
Fêter l’accord du donneur pour les deux prochaines années
Echouer un peu
Réussir un peu plus
Se faire confiance
Se remettre aussi en cause

La liste pourrait encore s’étendre longtemps comme cela. Mais un jour, alors que vous doutez, vous voyez en face de vous une équipe soudée et unie qui a fait des progrès monstres dans leur travail. Vous n’y êtes sans doute pas pour grand-chose parce que vous pensez que vous auriez pu apporter plus mais vous réalisez que vous leur avez déjà donné beaucoup : un espace pour être et agir.

Et puis, vous vous rendez sur les centres (et dieu sait que cela fait trop longtemps que vous n’y êtes pas allée) et puis vous voyez ces changements, ces enfants, et une communauté qui est trop heureuse de signer encore pour deux ans.

Mais tout ce travail, tous ces retours n’auraient pas été possible sans l’aide précieuse de mes deux project managers qui ont constitué cette équipe, qui ont accompagné chacun de leurs pas avant de les lâcher. Sans ces deux personnes, cette aventure n’aurait pas été aussi belle. Loin des équipes, loin des enfants, ils m’ont donné l’envie d’avancer et de finir tous les rapports. Ils ont maintenant passé le relais à leurs assistants qui ont été de fait promus responsables de programme. Et c’est cela que j’aime avec Terre des hommes, quand très vite les personnes ressource sont identifiées, elles sont accompagnées, reconnues et promues pour prendre en charge le programme, pour finalement s’occuper de leurs pairs et à nous d’arrêter de nous immiscer.

Dans deux semaines, je tire un trait sur plus de 11 mois de ma vie et c’est peut être présomptueux mais je monterais pas trop mécontente de moi dans mon avion. J’ai appris, j’ai encore beaucoup à apprendre, ce que je fais est loin d’être parfait mais comme le dit mon chef de mission : la perfection est ennuyeuse.

Je vais conclure cette courte lettre en faisant référence aussi un coordinateur médical que j’ai eu la chance de croiser en Iran qui m’a appris une chose importante pour avancer. Alors que je lui braillais dessus parce que nous avions eu un problème de planning (luxe des responsables de programme), il m’avait très justement dit que dans une journée normale, ailleurs, en France peut être, nous avions déjà 20% de bug sur ce que nous planifions, alors sur le terrain… Oui, il faut apprendre à revoir nos exigences à la baisse et se satisfaire de petits riens qui font nos victoires quotidiennes. Notre petite victoire d’aujourd’hui ?

L’équipe a eu envie de rendre hommage aux deux précédentes années de projet. Pendant deux mois, ils ont travaillé sur le projet d’un magazine. Le magazine est enfin arrivé et bien que quelques coquilles soient ça et là, c’est l’initiative même qui est à saluer. Combien d’entre nous sont suffisamment fiers de ce qu’ils font et de l’organisation pour laquelle ils travaillent pour vouloir en faire un retour via un magazine ?

Pour finir cette aventure sri lankaise, même s’il me reste encore deux semaines, je dirai que cette mission m’a amené à un tournant dans ma réflexion et aussi dans mon intervention humanitaire. Reste à voir si je serai capable d’utiliser cette nouvelle « sagesse » vers d’autres terrains…

Je vous embrasse bien fort mes petits loups et à tout bientôt pour une autre histoire de vie.

Bibi

PS : je profite de cette dernière lettre du chapitre « Sri Lanka » pour vous remercier de vos mots laissés sur mon blog ou ma boite perso. Même si je ne réponds pas individuellement à chacun d’entre vous, je suis néanmoins touchée par toutes ces petites notes, elles sont toute autant de petite dose de bonne humeur pour avancer dans la vie. Merci à tous.

dimanche, février 11, 2007

Good bye and Welcome party

Coucou mes petits loups,

Alors comme le titre l’indique, aujourd’hui je vais vous parler des fêtes de départ ici au Sri Lanka. Tout a commencé la semaine dernière par un « general staff party » au cours duquel nous les expatriés avons annoncé nos différents départs. Pour le coup, les équipes nous avaient préparé une surprise. En effet, depuis quelques jours déjà, à chaque fois que je mettais les pieds dans le bureau des activities specialists, je les surprenais en train de chuchoter, de glousser, bref, pire que des gamins.

La veille du meeting, la petite équipe débarqua avec un paquet pour chacun des expatriés avec un petit mot : « merci de porter ce tee-shirt demain ». Intrigués, nous avons tous ouvert nos « cadeaux » et voilà qu’ils avaient fait faire nos portraits en peinture (avec un petit mot de remerciement sur le dos).

Pufff, même pas peur, c’est plutôt avec plaisir que je porterai ce tee-shirt...

Le lendemain matin, je me rends donc au bureau à pieds, pour le plus grand plaisir de mes voisins qui ont pu sourire voire même rire devant ma double frimousse.

Le meeting avait lieu à Ampara et c’est donc en bus scolaire que nous nous y sommes rendus (ça au moins c’est fait). Nous nous sommes fait arrêter au check point d’Ampara, parce qu’il n’est pas aussi facile que cela fait d’y faire entrer une centaine de tamouls dans une zone singhalaise...

Hop tout le monde est invité à descendre (sauf bien sûr les expatriés mais pris dans le feu du moment, nous avons sauté hors du bus pour traverser en équipe le check point). Donc nous nous présentons devant les militaires pour une petite fouille en règle. Quelle ne fut pas la surprise pour la petite militaire en charge de notre légère palpation mammaire de devoir en fait tripoter aussi nos bouilles en peinture (hum vraiment pas nets ces expats qui ont besoin de porter des tee-shirts à leur effigie avec leur nom dessus).

Nous avons passé la journée à annoncer les différents changements et départs et après le déjeuner, ce fut la traditionnelle et interminable séance photo, en groupe, en duo, en trio et toujours de préférence avec un expatrié au milieu du groupe...

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises : comme je vous l’avais rapidement écris, le staff psychosocial avait décidé d’organiser une goodbye party pour leur deux project managers (des expatriés) et moi au passage (même si je ne pars pas tout de suite) et de souhaiter la bienvenue aux nouveaux managers (promotion de staff national). Moi qui cherchais une occasion de porter le sari, elle est toute trouvée...

Vendredi dernier, j’attrape deux minettes de mon équipe pour un shopping « sari » intensif. Elles choisissent le modèle et m’expliquent que je dois maintenant aller chez un tailleur pour me faire faire le petit top. Hop, ni une, ni deux, nous sautons dans le van et je me rends sur leur conseil, chez une adorable dame, trop contente de prendre les mesures de l’expatriée. Mon petit top sera prêt dimanche, et j’ai rendez-vous lundi matin aux aurores pour que les filles m’enroulent dans le sari. Entre temps, je suis descendue sur Ampara pour la good bye party de notre project manager et le thème était les 20’s. Hum, trop facile, je pique une robe noire à droite, un faux collier de perles, je bidouille un petit ruban pour les cheveux (c’est donc à cela que me sert mon kit de couture).

Le dimanche, de retour sur Batticaloa, je retourne chez le tailleur (bref, chez ma nouvelle copine) pour l’essayage de mon haut. Je découvre que non seulement cela fait plutôt office de corset (et c’est un miracle si je parviens encore à respirer) mais qu’en plus, elle l’a cousu de telle manière (à priori traditionnelle) que je me retrouve avec des pointes au niveau de la poitrine genre Madonna dans les 90’s. Il parait que le principe de la petite pointe au niveau des seins est assez tendance ici, surtout parce qu’ainsi, cela rajoute un charme supplémentaire quand madame retire son sari devant son époux. Sauf que je n’ai pas d’époux...

Lundi, je me précipite au bureau à l’aube en tenue occidentale et patiente jusqu’à l’arrivée de ma collègue. Quand elle arrive, je troque donc mon pantalon/tee-shirt contre un jupon/petit top qu’elle peine à fermer (je le sens bien et ce n’est pas faute de mettre mes épaules en arrière). Vient ensuite l’enroulage du sari... je la vois coincer un certain métrage dans le jupon puis au beau milieu de sa course, elle prend le bout du sari, commence à le plier sur lui-même et le pose négligemment sur la chaise pour revenir au milieu de ce lé de tissu. Bref, elle s’agite autour de moi et je peine à saisir toute la subtilité de l’enroulage...

Me voilà fin prête à faire mon entrée dans le monde vêtue de mon sari : le staff commence à arriver au bureau et s’étonne de mon changement de style et alors là, il faut jouer avec la situation et je suis bonne pour une séance photo, devant pour leur plus grand plaisir prendre des poses de star bolywoodienne...

Je me suis rendue à la fête et nous avons ri, dansé, nous nous sommes laissés aller à l’émotion du moment, nous avons été pourri gâtés entre les cadeaux, les étoffes d’honneur et surtout devant cette équipe qui au cours de ces onze derniers mois, s’est unifiée pour mettre en avant ses compétences pour la bonne marche du programme... oui, il est vraiment temps pour moi de partir, ils mènent leur barque comme il faut, et ils ont juste besoin de quelqu’un plein d’énergie dans ce contexte pour les accompagner...Dans ce contexte où 70000 déplacés sur le seul district de Batticaloa ne suffisent pas à alerter l’opinion, où un troisième groupe dans ce conflit est quasiment libre de faire ce qu’il veut, où le Sri Lanka n’est perçu que comme une île paradisiaque pour jeunes mariés, pleine de thés et d’éléphants...

Ma remplaçante arrive la semaine prochaine, le temps pour moi de faire un training sur l’introduction du psychosocial sur les cliniques, de faire le tour de toutes nos communautés pour signer les contrats pour les terres, etc. ensuite ? Je fais de ma passation...

Bon allez mes petits loups, c’est mon dernier dimanche tranquille alors je m’en vais en profiter pour ranger ma chambre, finir une ou deux merdouilles « boulot » et regarder sans doute un bon film...

Je vous embrasse tous très fort

Audrey