dimanche, février 18, 2007

BILAN FIN DE MISSION




Dans deux petites semaines, je serai partie du Sri Lanka après 11 mois et des brouettes d’une autre aventure humaine. Cette expérience aura une place à part dans ma vie dans la mesure où pour la première fois, je suis partie en tant que coordinatrice. Pour ceux qui me suivent depuis 4 ans, vous avez pu constater que cela changeait beaucoup parce que j’étais aussi plus loin des bénéficiaires, moins dans le faire faire mais plus dans le laisser faire. Alors aujourd’hui, il est venu le temps de faire un petit bilan, vous voulez bien ?

Je me rends compte avant même de commencer que je ne vais faire que dans le paradoxe :

Rager de ne pas être plus proche des enfants
Se réjouir de voir une équipe si investie auprès des enfants
Prendre des décisions importantes
Douter
Apprendre à faire un budget
Être toujours aussi nulle en maths
Faire des plannings
Les réajuster
Etre frustrée de ne pas avoir le temps de tout faire
Se satisfaire de ce qui a pu être réalisé
Essayer de tout maîtriser
Apprendre à lâcher et à faire confiance
Douter encore
Etre intransigeante
Apprendre à faire des compromis
Avoir l’impression de n’écrire que des rapports
Fêter l’accord du donneur pour les deux prochaines années
Echouer un peu
Réussir un peu plus
Se faire confiance
Se remettre aussi en cause

La liste pourrait encore s’étendre longtemps comme cela. Mais un jour, alors que vous doutez, vous voyez en face de vous une équipe soudée et unie qui a fait des progrès monstres dans leur travail. Vous n’y êtes sans doute pas pour grand-chose parce que vous pensez que vous auriez pu apporter plus mais vous réalisez que vous leur avez déjà donné beaucoup : un espace pour être et agir.

Et puis, vous vous rendez sur les centres (et dieu sait que cela fait trop longtemps que vous n’y êtes pas allée) et puis vous voyez ces changements, ces enfants, et une communauté qui est trop heureuse de signer encore pour deux ans.

Mais tout ce travail, tous ces retours n’auraient pas été possible sans l’aide précieuse de mes deux project managers qui ont constitué cette équipe, qui ont accompagné chacun de leurs pas avant de les lâcher. Sans ces deux personnes, cette aventure n’aurait pas été aussi belle. Loin des équipes, loin des enfants, ils m’ont donné l’envie d’avancer et de finir tous les rapports. Ils ont maintenant passé le relais à leurs assistants qui ont été de fait promus responsables de programme. Et c’est cela que j’aime avec Terre des hommes, quand très vite les personnes ressource sont identifiées, elles sont accompagnées, reconnues et promues pour prendre en charge le programme, pour finalement s’occuper de leurs pairs et à nous d’arrêter de nous immiscer.

Dans deux semaines, je tire un trait sur plus de 11 mois de ma vie et c’est peut être présomptueux mais je monterais pas trop mécontente de moi dans mon avion. J’ai appris, j’ai encore beaucoup à apprendre, ce que je fais est loin d’être parfait mais comme le dit mon chef de mission : la perfection est ennuyeuse.

Je vais conclure cette courte lettre en faisant référence aussi un coordinateur médical que j’ai eu la chance de croiser en Iran qui m’a appris une chose importante pour avancer. Alors que je lui braillais dessus parce que nous avions eu un problème de planning (luxe des responsables de programme), il m’avait très justement dit que dans une journée normale, ailleurs, en France peut être, nous avions déjà 20% de bug sur ce que nous planifions, alors sur le terrain… Oui, il faut apprendre à revoir nos exigences à la baisse et se satisfaire de petits riens qui font nos victoires quotidiennes. Notre petite victoire d’aujourd’hui ?

L’équipe a eu envie de rendre hommage aux deux précédentes années de projet. Pendant deux mois, ils ont travaillé sur le projet d’un magazine. Le magazine est enfin arrivé et bien que quelques coquilles soient ça et là, c’est l’initiative même qui est à saluer. Combien d’entre nous sont suffisamment fiers de ce qu’ils font et de l’organisation pour laquelle ils travaillent pour vouloir en faire un retour via un magazine ?

Pour finir cette aventure sri lankaise, même s’il me reste encore deux semaines, je dirai que cette mission m’a amené à un tournant dans ma réflexion et aussi dans mon intervention humanitaire. Reste à voir si je serai capable d’utiliser cette nouvelle « sagesse » vers d’autres terrains…

Je vous embrasse bien fort mes petits loups et à tout bientôt pour une autre histoire de vie.

Bibi

PS : je profite de cette dernière lettre du chapitre « Sri Lanka » pour vous remercier de vos mots laissés sur mon blog ou ma boite perso. Même si je ne réponds pas individuellement à chacun d’entre vous, je suis néanmoins touchée par toutes ces petites notes, elles sont toute autant de petite dose de bonne humeur pour avancer dans la vie. Merci à tous.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Ah la la ma belle....

que de merveilleuses aventures tu nosu contes-là.... Tu découvres, tu t'enrichis et surtout tu avances....

3:15 AM  

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