BeeBee77

mardi, octobre 24, 2006

FIN DE SEMAINE AU SRI LANKA

Le 15/10/06

Chers tous,

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir lors de mon précédent mail, que certains d’entre vous pensaient que je n’allais pas bien sous prétexte qu’avec ma collègue, nous avions eu envie de vous faire partager un coup de gueule. A vrai dire, pour la petite histoire, je revenais tout juste d’un long week-end à l’extérieur de Batticaloa et c’est un bibi tout reposé qui a écrit son rêve. Mais que ce soit ici au Sri Lanka ou ailleurs dans le monde, ce que je vous ai écrit n’est qu’une triste réalité contre laquelle je refuse de baisser les bras. De plus, la liste est loin d’être exhaustive et je dois dire que j’ai juste fait ressortir un trop plein d’injustice sans doute à cause de la dépêche de trop.

Piaffer est le minimum que l’on puisse parfois faire.

Sinon, comme je vous l’ai dit, je suis partie en week-end à Polonnaruwa (une des cités anciennes du pays). A peine après deux heures de van, nous voilà échouées dans un chouette hôtel avec piscine et massage pour avoir au programme de la détente, de la visite de ruines, etc.

Commençons par le vendredi, au cours duquel je me suis offert un massage âyurvédique dans les règles de l’art avec le full traitement, s’il vous plait.

J’ai donc commencé par un massage du corps (qui ressemblait plus à une vaine tentative de secouer mes muscles dans tous les sens) puis, j’ai eu le massage crânien. Oh mais quelle horreur ce truc ! J’avais l’impression que les doigts de ma petite masseuse s’étaient transformés en de redoutables serres dans le but de me lobotomiser le cerveau (et dire que cela favorise selon eux la poussée des cheveux). C’est comme si dans un élan de fureur, elle essayait de s’adonner de nouveau à la science des bosses (me rappelle plus le nom exact), tâtant à tout va ma petite tête. Un petit massage du visage avec la crème miraculeuse pour tous types de peau et me voilà fin prête pour la deuxième partie du traitement, à savoir le bain de vapeur et celui aux herbes.

Le bain vapeur consiste en un caisson de bois dans lequel nous nous allongeons, la tête dehors. Donc en dehors du fait qu’au moment où ils referment le couvercle du caisson, on a juste une impression de se trouver dans la boite du magicien en attendant sagement que l’on vienne enfoncer des épées, la vapeur se répand tout doucement dans cet habitacle de fortune. Et puis sans crier garde, v’là-ti pas que une sensation étrangement peu réconfortante de cuisson vous envahit. Ca y est, je sais ce que peuvent ressortir ces pauvres poulets que nous faisons cuire au four, à la seule différence que ces poulets sont déjà morts. Bref, je me sens cuire, et je commence à étouffer donc j’ai vite arrêté ce bain de vapeur pour me précipiter dehors, rouge écrivisse me calmer à la fraîcheur nocturne.

Il ne me reste plus que l’épreuve du bain aux herbes et là, je dois avouer que je n’ai pas de détails cyniques sur le sujet, j’ai barboté au milieu de toutes sortes de feuilles pour mon plus grand bonheur.

Le samedi, nous sommes allées visiter les ruines de la ville (qui étaient quand même le but de notre excursion). Allez, hop, ni une, ni deux, nous voilà sur des vélos (sans doute d’avant guerre) pour une promenade le long des ruines, c’était super beau et surtout relaxant, nous, des ruines, la nature et des singes. J’ai bien sûr pris des photos à tout va.

22/10/06

Je ne suis pas très fidèle dans ma rédaction hebdomadaire (ou plutôt bi mensuelle ?). Le week-end dernier, j’ai refait mon petit baluchon et je suis allée me promener du côté de Sigiriya (un énorme rocher sur lequel était implantée une ancienne citadelle). Armée de mon plus grand courage, j’ai donc entrepris l’ascension via des escaliers du dit caillou. Pourquoi les belles choses à voir sont-elles en hauteur ? Cramponnée à la rampe des escaliers, j’essaye de me rappeler les conseils de mon petit papounet d’amour pour lutter contre ma peur du vide : compte les marches et si on ne trouve pas le même nombre, on remonte ! Et je suis là, ne profitant guère de la montée mais je vais y arriver. Une fois en haut, les jambes toutes tremblantes, je me régale du spectacle tout en me félicitant pour mon courage (et oui j’exagère beaucoup). Histoire de récompenser le héro (moi ?), nous avons atterri dans un hôtel des plus luxueux, construits par un architecte Sri Lankais ultra connu ici, Geoffrey Bawa. Le principe de cet hôtel réside dans le fait que l’architecte intègre la nature dans la structure. Ici, ce fut rocher, liane et autres végétations. en dehors des chambres (méga luxueuses avec jacuzzi dans la salle de bain), tout est ouvert sur la nature, dans un décor minimaliste et épuré pour une impression de zen total. Pour la petite histoire, nous avions laissé nos cigarettes sur la table dehors (oui cela nous apprendra à fumer) et nous avions complètement oublié que les singes étaient de grands taquins. Donc quelle ne fut pas notre surprise le lendemain matin que de découvrir qu’il nous manquait un paquet et que l’autre avait été dépouillé, arraché, mis en petits morceaux.

Sinon, à Batticaloa même, la vie suit son cours : nous allons présenter le proposal début novembre et je deviens incollable sur le nombre de bâtiments, de toilettes et de puits qu’il nous faut construire cette année et l’année prochaine sur les centres, ce qui peut être fait avant et après la saison des pluies.

Et histoire de simplifier les choses, nous allons avoir des visites du siège dès début novembre et ce jusqu’à peut être la mi-décembre (et zou, je pars en vacances après).

Sinon, grande nouvelle : nous venons enfin de recevoir nos permis de travail (après un roman feuilleton de plusieurs mois) et bien sûr avec un accès que dans les zones gouvernementales (no comments).

Bon mes petits loups, je vous embrasse fort et pour certains, je vous dis à dans deux mois.

Prenez soin de vous.

Audrey


ps: et bon AHID pour tous mes doudous qui ont fait ramadan

dimanche, octobre 08, 2006

WE HAD A DREAM...

Nous avons fait un rêve :

Le monde dans lequel nous vivions ne laissait pas un pays virer en 48 heures 6 organisations humanitaires et menacer de mettre sur black liste leurs travailleurs humanitaires. Ce monde n’aurait pas laissé les personnes concernées l’apprendre comme cela via la télévision.

Le monde dans lequel nous vivions ne posait pas un mouchoir blanc sur les drames internationaux commis dans les pays dénués de « jolies » ressources naturelles ou sans intérêts géopolitiques.

Le monde dans lequel nous vivions ne voulait pas que des inconditionnels du droit humanitaire se retrouvent refoulés à l’entrée de zones en guerre sous prétexte qu’ils puissent être des témoins gênants.

Le monde dans lequel nous vivions ne laissait pas des autochtones devenir des boucliers humains, des femmes accoucher dans la rue ou encore des enfants mourir bloqués devant un check point.

Le monde dans lequel nous vivions n’harcelait pas les expatriés pour des permis de travail tout en fermant l’accès des zones en plein conflit.

Le monde dans lequel nous vivions luttait contre la faim, le travail des enfants et le tourisme sexuel.

Le monde dans lequel nous vivions se battait contre ceux qui bafouaient les droits de l’homme et ceux de l’humanitaire. D’ailleurs, dans ce monde, il n’y aurait pas besoin de signer ou de ratifier des conventions à tout va puisque le respect de l’autre serait une évidence.

Le monde dans lequel nous vivions ne tolérait pas la remise en place d’un ministère du vice et de la vertu, et n’aurait pas accepté que, de nouveau, les milices sillonnent un pays.

Le monde dans lequel nous vivions n’acceptait pas qu’au cours d’une cérémonie de mariage, une élue puisse se permettre des réflexions racistes.

Le monde dans lequel nous vivions ne voulait pas que la patrie de mon enfance se radicalise lors des prochaines présidentielles.

Le monde dans lequel nous vivions respectait les conventions de Genève pour les demandeurs d’asile sans papiers et les ressortissants d’un état non européen étaient accueillis dans un pays sans forcément devoir obtenir un poste au préalable.

Le monde dans lequel nous vivions ne laissait pas un président reconnaître l’existence de prisons secrètes tout en proclamant que les terroristes emprisonnés -et pas encore reconnus coupables- ne puissent bénéficier des conventions de Genève.



Et nous nous sommes réveillées !



« Injustice anywhere is a threat for justice everywhere » Martin Luther King

(N’importe où est l’injustice, c’est partout une menace pour la justice)

Eléonore Chiossone et Audrey Bollier


Juste un petit rappel pour moi, le Web Father...




Cette phrase, ce cri d'espoir est illustre bien au-delà des États-Unis, à travers le monde entier. Le discours fut prononcé sur les marches du Lincoln Memorial pendant la Marche vers Washington pour le travail et la liberté à Washington DC le 28 août 1963.
Dans ce discours, King exprime avec toute la force de son éloquence son vif désir d'une Amérique où Blancs et Noirs coexistent harmonieusement en tant qu'égaux.
Le nom I have a dream vient du passage le plus connu du discours :


« I say to you today, my friends, so even though we face the difficulties of today and tomorrow, I still have a dream. It is a dream deeply rooted in the American dream.
I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed: “We hold these truths to be self-evident: that all men are created equal.”
I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down together at a table of brotherhood.
I have a dream that one day even the state of Mississippi, a desert state, sweltering with the heat of injustice and oppression, will be transformed into an oasis of freedom and justice.
I have a dream that my four little children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character. I have a dream today !! »
Ce qui donne en français :
« Je vous dis aujourd'hui, mes amis, bien que nous devions faire face aux difficultés d'aujourd'hui et de demain, je fais quand même un rêve. C'est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain.
« Je fais un rêve, qu'un jour, cette nation se lèvera et vivra la vraie signification de sa croyance : “Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux.”
« Je fais un rêve, qu'un jour, sur les collines rouges de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.
« Je fais un rêve qu'un jour, même l'État du Mississippi, un désert étouffant d'injustice et d'oppression, sera transformé en une oasis de liberté et de justice.
« Je fais un rêve, que mes quatre jeunes enfants habiteront un jour une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère. Je fais un rêve aujourd'hui !! »