15 jours plus tard...(Titre inventé par le Web Father)
Le 28/05/06
Coucou mes petits loups
Désolée de vous avoir laissé autant de temps sans donner des petites nouvelles mais on dirait que mes lettres vont prendre la même cadence que mes rapports, à savoir bimensuels. J’espère que vous allez tous bien en cette journée de la fête des mères.
Bon, alors chronologiquement, je suis allée sur la base (et donc la ville) d’Ampara pour plusieurs jours et je vais y retourner cette semaine… alors Ampara est déjà une ville beaucoup plus petite que Batticaloa et reculée dans les terres. Donc nous quittons un décor côtier avec ses plages et ses palmiers pour se retrouver dans un paysage plus proche de la campagne thaïlandaise avec ses cultures de rizières. Moi, j’aime bien ces petites villes de campagne où il fait bon se promener. Oui parce qu’en fait, j’ai oublié de vous dire, mais la ville même d’Ampara se trouve en zone singhalaise donc un peu moins tendue, tant culturellement que politiquement (à différencier du district d’Ampara dont la ville est le chef-lieu). Donc j’y ai passé plusieurs jours, le temps de bosser avec la programme manager de la zone et surtout de tenter de voir le passage des éléphants sauvages au pied du temple, après leur trempette du soir. Bien sûr, votre bibi nationale ayant très peu de chance, je n’ai pu voir qu’un seul éléphant se dandiner sur le chemin, les autres étant trop occupés à batifoler dans l’eau, là-bas au loin, ressemblant à des tâches noires dans le coucher du soleil. Mais j’ai pris le temps de faire connaissance avec la communauté expatriée de la ville et ma foi, contrairement à Batticaloa, elle est ce coup-ci majoritairement francophone.
De retour sur Batticaloa, j’ai commencé les cours de yoga. Ah rester zen dans ce monde de brutes, envers et contre tout…
Le 29/05/06
Nous sommes en niveau trois de nouveau, depuis une semaine, depuis qu’un colonel LTTE s’est fait assassiner. Le jour de ses funérailles, la situation était pourtant très calme dans Batticaloa, en dehors des pétards lancés en signe de deuil. Oui, ici au Sri Lanka, en tout cas sur Batticaloa, il est de coutume de faire péter des pétards pendant les funérailles d’une personne. Généralement, la maison en deuil affiche un drapeau blanc sur le devant et pendant le processus funéraire, il y a des pétards (ce qui ne nous rend pas la tâche aisée pour faire la différence entre des tirs et des pétards, sans parler des gens qui tirent sur les corbeaux).
Ce soir, le camp militaire à côté de chez nous s’est fait attaquer : explosions et tirs. On est resté tranquillement à la maison quand on entend quelqu’un frapper à la porte. Nos voisins étaient de sortie sans leurs deux enfants et les petits choux ont eu peur, si peur qu’ils sont venus nous demander de rester avec nous, le temps que leurs parents rentrent à la maison. Alors on les a calmés, informées que nous étions sur la situation sécurité. On a parlé avec eux de leurs activités pendant leurs vacances dans un franco-tamil, mélangé à l’anglais des plus vivants. Au moment où l’on allait lancer un film pour les occuper, leurs parents sont rentrés se confondant en excuse pour le dérangement. Quel dérangement ? Non, notre porte est ouverte et les deux petits choux ont très bien fait de venir se réfugier chez nous plutôt que de rester apeurés tout seuls en bas dans leur appartement!
Et au milieu de tout cela, j’essaye de travailler…
Alors tout d’abord, demain j’ai un rendez vous téléphonique avec le siège d’une organisation allemande qui a des volontaires sur le terrain et qui se sont fait attaquer (beaucoup plus au nord de Batticaloa, sur Trincomalee, allez tous à vos atlas) la semaine dernière (une grenade a été lancée dans leur jardin, blessant légèrement un expatrié). Même le CICR est sorti de sa neutralité pour pousser un coup de gueule… donc leur siège a fait un long mail, qui a tourné dans les différents réseaux pour demander s’il n’y aurait pas des psy qui seraient prêts à faire du débriefing si besoin, via téléphone ou mail. Et bien sûr, j’ai répondu présente. Donc demain, je vais avoir un entretien avec le desk de cette organisation (Non violent peace force) pour voir comment on peut s’arranger. Ensuite, je suis en train de travailler sur une évaluation de nos activités en vue de l’écriture du prochain proposal, tout essayant d’y intégrer la dimension développement et accessoirement les activités psychosociales qui vont avec.
Pour vous donner une petite idée de ce à quoi peuvent ressembler mes journées, voici un aperçu de mon planning cette semaine :
Mardi : matinée discussion avec le project manager de Batticaloa (qui n’a pris que deux jours de vacances) pour lui faire un retour de ce qui s’est joué en son absence et une mise au point des questions en suspend. Ensuite discussion avec la responsable du programme Mouvement Jeux et sport (au Sri Lanka pour une mission courte) sur la stratégie globale Tdh pour la prise en charge psychosociale en situation d’urgence afin que l’on puisse développer des outils pour les prochaines missions, se basant sur les retours du terrain. Puis, visite de maisons, car nous allons quitter l’appartement où nous habitons pour se regrouper avec une autre expatriée Tdh, pour des raisons de sécurité (plus pour elle que pour nous puisqu’elle vit sur la presqu’île et que cela craint plus par chez elle de part la présence du SLMM). Dans l’après-midi, je file sur l’hôpital pour discuter avec la pédiatre qui rechigne devant les couleurs choisies pour la réhabilitation de la consultation pédiatrique… et après mon coup de fil avec l’Allemagne et hop, voilà déjà une journée de finie.
Mercredi : je descend sur Kalmunai car j’ai le protection case management meeting où l’on discute des cas sensibles que nous suivons avec quelques apports théoriques en psychosocial. Ensuite je passe l’après midi avec le nouveau coordinateur terrain d’Ampara pour son briefing sur le programme psychosocial. Puis, je descends dormir sur Ampara.
Jeudi : retour sur Batticaloa pour deux meetings ; le premier à propos du programme Mouvement, jeux et sport et de sa continuité après le départ de l’expatriée. Et ensuite, nous enchainons avec un meeting pour le programme sur le mois du Child Labor (pour reprendre ce que nous avions tenté de faire le premier mai) et hop, retour sur Ampara.
Vendredi : discussion avec la project manager d’Ampara pour dresser les grandes lignes des choses à faire pendant ses vacances (puisque je prendrai temporairement le relai) et enfin pour bien finir la semaine, grosse fête de départ du coordinateur terrain d’Ampara (dont le remplaçant vient d’arriver) sur fond de musique africaine.
Et là, je ne parle pas des petits imprévus qui vont venir se greffer sur cet emploi du temps…
Bon, désolée, mes écrits sont un peu brouillons ce soir, mais je suis un peu fatiguée de ma journée. Je voulais juste revenir avec vous sur SLMM (nouvelle abréviation) histoire de vous dépeindre la situation géopolitique des derniers jours.
Donc SLMM veut dire Sri Lanka Monitoring Mission et c’est un groupe en charge des pourparlers de paix au Sri Lanka entre le LTTE et le gouvernement. Le SLMM est majoritairement composé d’expatriés norvégiens ou pays du grand nord. Or suite aux attaques de la semaine précédente contre deux INGOs dans le nord-est du pays (Trincomalee), l’union européenne (comme l’avait fait précédemment le Canada) veut considérer et se positionner envers le LTTE, comme le reconnaissant comme entité terroriste et donc potentiellement retirer ses fonds. Sur ce, le LTTE a répondu que si l’union européenne tranchait en défaveur du LTTE, ces derniers ne reconnaitraient plus la valeur de la mission SLMM et rompraient définitivement les négociations…
Aujourd’hui, le staff national d’une INGO portant le logo de l’union européenne sur leurs tee-shirts s’est fait arrêter par les tigres qui leur ont pris leurs tee-shirts et les ont brûlé en signe de protestation. No comment…
C’est dans ces cas-là que je suis bien contente de travailler pour une organisation suisse avec des donneurs suisses : vive la neutralité !!!!!
Bon allez, je vais stopper là mon récit non sans vous embrasser.
Prenez soin de vous aussi bien que je prends soin de moi (car au milieu de tout ça, je trouve le moyen de faire un massage hebdomadaire et de suivre mes cours de yoga, il se pourrait même que je suive des cours d’aérobic mais cela est encore en négociation).
Bisous
NDWF (Note du Web Father)
Et après cela vous vous demandez pourquoi je suis fière de ma fille et pourquoi je l'aime ?
Merci pour vos messages qu'elle apprècie toujours autant
Coucou mes petits loups
Désolée de vous avoir laissé autant de temps sans donner des petites nouvelles mais on dirait que mes lettres vont prendre la même cadence que mes rapports, à savoir bimensuels. J’espère que vous allez tous bien en cette journée de la fête des mères.
Bon, alors chronologiquement, je suis allée sur la base (et donc la ville) d’Ampara pour plusieurs jours et je vais y retourner cette semaine… alors Ampara est déjà une ville beaucoup plus petite que Batticaloa et reculée dans les terres. Donc nous quittons un décor côtier avec ses plages et ses palmiers pour se retrouver dans un paysage plus proche de la campagne thaïlandaise avec ses cultures de rizières. Moi, j’aime bien ces petites villes de campagne où il fait bon se promener. Oui parce qu’en fait, j’ai oublié de vous dire, mais la ville même d’Ampara se trouve en zone singhalaise donc un peu moins tendue, tant culturellement que politiquement (à différencier du district d’Ampara dont la ville est le chef-lieu). Donc j’y ai passé plusieurs jours, le temps de bosser avec la programme manager de la zone et surtout de tenter de voir le passage des éléphants sauvages au pied du temple, après leur trempette du soir. Bien sûr, votre bibi nationale ayant très peu de chance, je n’ai pu voir qu’un seul éléphant se dandiner sur le chemin, les autres étant trop occupés à batifoler dans l’eau, là-bas au loin, ressemblant à des tâches noires dans le coucher du soleil. Mais j’ai pris le temps de faire connaissance avec la communauté expatriée de la ville et ma foi, contrairement à Batticaloa, elle est ce coup-ci majoritairement francophone.
De retour sur Batticaloa, j’ai commencé les cours de yoga. Ah rester zen dans ce monde de brutes, envers et contre tout…
Le 29/05/06
Nous sommes en niveau trois de nouveau, depuis une semaine, depuis qu’un colonel LTTE s’est fait assassiner. Le jour de ses funérailles, la situation était pourtant très calme dans Batticaloa, en dehors des pétards lancés en signe de deuil. Oui, ici au Sri Lanka, en tout cas sur Batticaloa, il est de coutume de faire péter des pétards pendant les funérailles d’une personne. Généralement, la maison en deuil affiche un drapeau blanc sur le devant et pendant le processus funéraire, il y a des pétards (ce qui ne nous rend pas la tâche aisée pour faire la différence entre des tirs et des pétards, sans parler des gens qui tirent sur les corbeaux).
Ce soir, le camp militaire à côté de chez nous s’est fait attaquer : explosions et tirs. On est resté tranquillement à la maison quand on entend quelqu’un frapper à la porte. Nos voisins étaient de sortie sans leurs deux enfants et les petits choux ont eu peur, si peur qu’ils sont venus nous demander de rester avec nous, le temps que leurs parents rentrent à la maison. Alors on les a calmés, informées que nous étions sur la situation sécurité. On a parlé avec eux de leurs activités pendant leurs vacances dans un franco-tamil, mélangé à l’anglais des plus vivants. Au moment où l’on allait lancer un film pour les occuper, leurs parents sont rentrés se confondant en excuse pour le dérangement. Quel dérangement ? Non, notre porte est ouverte et les deux petits choux ont très bien fait de venir se réfugier chez nous plutôt que de rester apeurés tout seuls en bas dans leur appartement!
Et au milieu de tout cela, j’essaye de travailler…
Alors tout d’abord, demain j’ai un rendez vous téléphonique avec le siège d’une organisation allemande qui a des volontaires sur le terrain et qui se sont fait attaquer (beaucoup plus au nord de Batticaloa, sur Trincomalee, allez tous à vos atlas) la semaine dernière (une grenade a été lancée dans leur jardin, blessant légèrement un expatrié). Même le CICR est sorti de sa neutralité pour pousser un coup de gueule… donc leur siège a fait un long mail, qui a tourné dans les différents réseaux pour demander s’il n’y aurait pas des psy qui seraient prêts à faire du débriefing si besoin, via téléphone ou mail. Et bien sûr, j’ai répondu présente. Donc demain, je vais avoir un entretien avec le desk de cette organisation (Non violent peace force) pour voir comment on peut s’arranger. Ensuite, je suis en train de travailler sur une évaluation de nos activités en vue de l’écriture du prochain proposal, tout essayant d’y intégrer la dimension développement et accessoirement les activités psychosociales qui vont avec.
Pour vous donner une petite idée de ce à quoi peuvent ressembler mes journées, voici un aperçu de mon planning cette semaine :
Mardi : matinée discussion avec le project manager de Batticaloa (qui n’a pris que deux jours de vacances) pour lui faire un retour de ce qui s’est joué en son absence et une mise au point des questions en suspend. Ensuite discussion avec la responsable du programme Mouvement Jeux et sport (au Sri Lanka pour une mission courte) sur la stratégie globale Tdh pour la prise en charge psychosociale en situation d’urgence afin que l’on puisse développer des outils pour les prochaines missions, se basant sur les retours du terrain. Puis, visite de maisons, car nous allons quitter l’appartement où nous habitons pour se regrouper avec une autre expatriée Tdh, pour des raisons de sécurité (plus pour elle que pour nous puisqu’elle vit sur la presqu’île et que cela craint plus par chez elle de part la présence du SLMM). Dans l’après-midi, je file sur l’hôpital pour discuter avec la pédiatre qui rechigne devant les couleurs choisies pour la réhabilitation de la consultation pédiatrique… et après mon coup de fil avec l’Allemagne et hop, voilà déjà une journée de finie.
Mercredi : je descend sur Kalmunai car j’ai le protection case management meeting où l’on discute des cas sensibles que nous suivons avec quelques apports théoriques en psychosocial. Ensuite je passe l’après midi avec le nouveau coordinateur terrain d’Ampara pour son briefing sur le programme psychosocial. Puis, je descends dormir sur Ampara.
Jeudi : retour sur Batticaloa pour deux meetings ; le premier à propos du programme Mouvement, jeux et sport et de sa continuité après le départ de l’expatriée. Et ensuite, nous enchainons avec un meeting pour le programme sur le mois du Child Labor (pour reprendre ce que nous avions tenté de faire le premier mai) et hop, retour sur Ampara.
Vendredi : discussion avec la project manager d’Ampara pour dresser les grandes lignes des choses à faire pendant ses vacances (puisque je prendrai temporairement le relai) et enfin pour bien finir la semaine, grosse fête de départ du coordinateur terrain d’Ampara (dont le remplaçant vient d’arriver) sur fond de musique africaine.
Et là, je ne parle pas des petits imprévus qui vont venir se greffer sur cet emploi du temps…
Bon, désolée, mes écrits sont un peu brouillons ce soir, mais je suis un peu fatiguée de ma journée. Je voulais juste revenir avec vous sur SLMM (nouvelle abréviation) histoire de vous dépeindre la situation géopolitique des derniers jours.
Donc SLMM veut dire Sri Lanka Monitoring Mission et c’est un groupe en charge des pourparlers de paix au Sri Lanka entre le LTTE et le gouvernement. Le SLMM est majoritairement composé d’expatriés norvégiens ou pays du grand nord. Or suite aux attaques de la semaine précédente contre deux INGOs dans le nord-est du pays (Trincomalee), l’union européenne (comme l’avait fait précédemment le Canada) veut considérer et se positionner envers le LTTE, comme le reconnaissant comme entité terroriste et donc potentiellement retirer ses fonds. Sur ce, le LTTE a répondu que si l’union européenne tranchait en défaveur du LTTE, ces derniers ne reconnaitraient plus la valeur de la mission SLMM et rompraient définitivement les négociations…
Aujourd’hui, le staff national d’une INGO portant le logo de l’union européenne sur leurs tee-shirts s’est fait arrêter par les tigres qui leur ont pris leurs tee-shirts et les ont brûlé en signe de protestation. No comment…
C’est dans ces cas-là que je suis bien contente de travailler pour une organisation suisse avec des donneurs suisses : vive la neutralité !!!!!
Bon allez, je vais stopper là mon récit non sans vous embrasser.
Prenez soin de vous aussi bien que je prends soin de moi (car au milieu de tout ça, je trouve le moyen de faire un massage hebdomadaire et de suivre mes cours de yoga, il se pourrait même que je suive des cours d’aérobic mais cela est encore en négociation).
Bisous
NDWF (Note du Web Father)
Et après cela vous vous demandez pourquoi je suis fière de ma fille et pourquoi je l'aime ?
Merci pour vos messages qu'elle apprècie toujours autant